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INTERVIEW de Ludovic Martin, diplômé de l’IAE Aix-Marseille, expatrié au Canada

Ludovic (à gauche sur la photo) est diplômé de l’IAE Aix-Marseille où il a obtenu un Master Management de la relation et des Ressources Humaines en 2009. Expatrié au Canada après avoir obtenu un permis de travail d’un an et enchaîné les statuts, Ludovic est aujourd’hui résident permanent (et espère obtenir la citoyenneté canadienne en 2018) et conseiller en gestion des talents à la Banque Nationale du Canada. 

Membre actif de la communauté IAE FRANCE à Montréal, où il participe à l’organisation de nombreux événements ALUMNI IAE, Ludovic nous partage son expérience d’expatrié.

Quels sont les apports d’un cursus IAE à l’étranger ? En quoi cela a pu vous aider dans votre parcours ?

La formation que j’ai reçue à l’IAE m’a permise d’acquérir une plus grande ouverture d’esprit. Selon moi, l’élément principal ayant permis cela a été la présence d’étudiants et de professeurs étrangers. Le contenu des cours, dont certains en anglais, m’a également beaucoup aidé. Je considère que les cours « soft » sont ceux qui me sont le plus utiles aujourd’hui : communication, analyse transactionnel, analyse du comportement, psychologie… Les cours « techniques », bien que profitables, deviennent rapidement obsolètes (changements de lois, contextes différents…).

D’une manière générale, l’aspect multidisciplinaire de l’IAE m’a beaucoup aidé à comprendre le fonctionnement global d’une entreprise plutôt que de me concentrer seulement sur une fonction. Les stages en entreprise m’ont également aidé à comprendre le fonctionnement « réel » des relations humaines. Aucun cours ne peut vraiment remplacer cela.

Quelles différences notables constates-tu dans ta profession par rapport à ce qui existe en France ?

Ce qui est curieux, c’est que les différences culturelles ne sont pas toujours perceptibles durant les premières semaines. Certains aspects culturels sont similaires.

Pourtant, il existe des différences considérables ! Au travail, ce qui est le plus frappant, ce sont les différences de mode de communication. Au Québec, le « tu » est généralisé que ce soit pour parler à un collègue ou à un Vice-Président. De mes expériences, la relation hiérarchique est moins présente et les relations beaucoup plus simples. Le statut est moins important qu’en France. Les niveaux d’approbation pour réaliser un projet sont moins nombreux également.

La manière d’approcher les problèmes aussi est différente. L’approche française va favoriser une analyse complète en profondeur, nécessitant beaucoup de réflexion avant de passer à l’action. C’est positif lorsque le niveau de qualité requis est élevé. Toutefois, cela peut parfois mener à faire de la sur-qualité inutile et à perdre beaucoup de temps. Au Québec, les décisions se prennent beaucoup plus rapidement. De plus, on se donne parfois le droit à l’erreur ce qui favorise une approche plus « entrepreneuriale » que « scolaire ».

Je remarque la même chose pour les relations humaines, les contacts sont plus simples. En tant que français nous avons d’ailleurs la réputation de faire de longues phrases complexes plutôt que de répondre simplement à une question lors d’un entretien d’embauche. Ce qui est choquant pour un français, c’est de constater à quel point crier ou perdre son calme est mal perçu au Québec. En France je vivais régulièrement des réunions ou l’un des membres se fâchait ou finissait par crier voir même par quitter la salle. Je n’ai jamais vécu cela en 5 ans d’expérience au Québec, même en ayant travaillé dans des sites de production. C’est extrêmement mal perçu de ne pas être capable de gérer ses émotions et surtout de crier après quelqu’un. Le respect est une valeur centrale et c’est difficile de rebâtir sa réputation après avoir « pété sa coche » comme on dit ici.
Enfin, l’équilibre de vie travail / vie privé est très important au Québec. La majorité des employés travaillent de 9h à 17h peu importe le statut cadre ou non. C’est plutôt mal perçu de terminer tard le soir ou de faire plus de 40h par semaine. Il existe des exceptions bien entendu pour certains métiers (consultants…) mais c’est une minorité.

Enfin, le niveau d’anglais des québécois est bien meilleur que celui des français. Cela dit, c’est un peu moins vrai en dehors de Montréal. Selon moi, c’est souvent le niveau oral qui est meilleur au Québec alors qu’à l’écrit la différence est moins grande.

Quelles sont les caractéristiques de la vie d’expatrié ? Qu’en est-il de la communauté française ?

Je ne me sens plus comme un expatrié mais comme un québécois d’origine étrangère. Il est normal de se tourner vers une communauté en arrivant mais je trouve que beaucoup trop de français font l’erreur de se créer un réseau exclusivement constitué de français. En faisant cela, beaucoup passent à côté d’une partie de l’expérience d’immigration voire ne comprennent toujours pas certaines différences culturelles même après des années au Québec.

J’entends souvent des nouveaux arrivants français dire qu’il est très difficile de se créer un cercle d’amis québécois car ils ne sont pas ouverts à cela. Je ne suis vraiment pas d’accord ! C’est certain qu’en conservant ses habitudes françaises (nourriture, type d’activités,…) on ne favorise pas l’intégration. Selon moi, le plus important est de constamment se remettre en question. Lorsqu’une situation d’incompréhension ou de malaise survient, je pense qu’il faut plutôt se questionner pour comprendre plutôt que de juger en disant « les québécois sont comme ci, la France est mieux pour cela, etc… ».

Comment imagines-tu les perspectives professionnelles au Canada ?

Le contexte conjoncturel est très bon en ce moment au Québec avec un taux de chômage assez bas, voire le plein emploi dans certaines villes (ville de Québec par exemple). Certaines professions sont en pénurie de main d’œuvre et pas seulement pour des emplois manuels (comme le domaine de l’informatique par exemple).

D’un point de vu structurel, le droit du travail et l’approche des affaires favorisent également l’emploi. Il est très facile de trouver un emploi (processus de sélection et contrat de travail simples) mais il est facile de le perdre (peu de contraintes pour les employeurs, peu ou pas d’indemnités pour les employés de moins de 2 ans d’ancienneté…). Le marché s’ajuste donc naturellement et le droit du travail n’alourdit pas le système. C’est une approche très libérale!

Des conseils pour un futur expat’ (étudiants ou diplômés) ?

Le plus important selon moi est de faire preuve d’ouverture d’esprit. C’est normal et naturel de juger et de comparer à la France dans les premières semaines. Toutefois il faut savoir prendre du recul et se remettre profondément en question. Il est primordial de ne pas s’entourer que de français. Le réseautage est très développé et important ici alors ce ne sont pas les occasions qui manquent pour développer son réseau de connaissances.

Enfin, il faut aussi se renseigner sur les démarches de permis de travail. Le système d’immigration choisi est très transparent avec un calcul de points en fonction de critères pour les personnes souhaitant immigrer de manière permanente. Pour les permis de travail temporaires, le processus peut être long alors il faut se renseigner avant pour éviter les mauvaises surprises.


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